/misc
Publicité

La retraite forcée pour beaucoup de nos aînés



Je ne vous apprendrai rien en vous disant que nos aînés ont été frappés de plein fouet par la crise de la COVID-19. Vous penserez d’emblée aux décès dans les CHSLD et à leurs conditions de santé.

Malheureusement, certains d’entre eux font figure de grands oubliés. J’ai en tête les personnes de 65 ans et plus pour qui le retour au travail est trop risqué. 

Pour des milliers d’entre eux, la situation actuelle est donc synonyme de retraite forcée, avec les conséquences financières qui s’ensuivent.  

Nombreux travailleurs

En 2019, environ 7400 Québécois âgés de 65 ans et plus travaillaient dans le secteur de la restauration. 

Dans la vente au détail, on retrouvait 24 500 d’entre eux. 

Quant aux autres services, on en comptait 16 250. 

On parle donc potentiellement de 48 150 travailleurs qui ne pourront peut-être pas retourner travailler en sécurité et dont l’emploi ne se prête pas très bien au télétravail. 

Pensez-y... C’est plus de monde que notre cible d’immigration ! 

Et c’est un gros minimum. J’aurais pu ajouter les aînés travaillant dans la culture ou dans l’immobilier. Le compte augmenterait par dizaines de milliers. 

Quoi faire ?

Je m’inquiète de ces aînés, devenus involontairement retraités, parce que la COVID-19 risque d’en pousser plusieurs vers la pauvreté ou l’insécurité financière. 

Certains comptaient continuer à travailler pour encore quelques années et avaient besoin de ce revenu. Il y a encore quelques mois, on leur chantait la pomme pour qu’ils restent actifs sur le marché du travail. Et pas à peu près. 

Dans le budget du ministre Éric Girard, qui date de la mi-mars, on prévoyait investir 1,7 milliard de dollars sur cinq ans pour que les 60 ans et plus allongent leur carrière. 

Les crédits d’impôt étaient particulièrement généreux pour les plus bas salariés, dont plusieurs travaillent dans le secteur des services. On leur envoyait un signal fort. 

Devrait-on maintenant offrir une aide spéciale aux aînés, surtout moins nantis, qui travaillaient dans les secteurs à risque ? 

La question se pose sérieusement.  

Inégaux face au déconfinement

Certains me diront que le déconfinement réglera le problème. 

Mais malheureusement, la vie n’est pas aussi rose. 

Les travailleurs plus âgés ne partageront pas les joies du retour au travail comme les autres. Un collectif de chercheurs vient tout juste de publier un outil mesurant les risques du retour au travail. 

Pour chaque industrie, leur indice de risque tient compte de la nature du travail, de la fréquence des contacts face à face, et d’autres facteurs. Leurs calculs tiennent aussi compte des caractéristiques des travailleurs. Par exemple, devront-ils prendre le transport en commun ? 

Sans grande surprise, les milliers de travailleurs dont j’ai parlé plus tôt font partie des industries les plus à risque. 

Ce qui veut dire qu’elles seront déconfinées beaucoup plus prudemment. Et que même si la prudence est de mise, les 65 ans et plus y risqueront leur santé. Pourrions-nous vraiment leur en vouloir de ne pas désirer rentrer au boulot ?

Publicité

Publicité