Perte d’emploi : comprendre ma réaction

Carrière/Parcours professionnel, Recherche d'emploi

Selon un sondage réalisé par l’Association canadienne de la paie en 2017, 34 % des Québécois vivent d’une paie à l’autre. Dans ce contexte, perdre son emploi est une source de stress importante, principalement si la personne est soutien de famille. L’urgence devient donc de se trouver un emploi le plus rapidement possible. Cependant, lorsque l’emploi perdu était lié à ses compétences, au sein d’une équipe de travail stimulante avec laquelle des liens étaient créés, que la personne s’y sentait valorisée et intégrée, il peut être difficile de s’engager dans une nouvelle entreprise et de nouvelles fonctions. Certaines personnes n’y arrivent tout simplement pas. En effet, une période de deuil est nécessaire afin de pouvoir simplement se présenter en entrevue et de permettre à un éventuel employeur d’avoir confiance en ses capacités à assumer le poste convoité.

Les étapes du deuil de l’emploi

Selon Christophe Deville (2009), le deuil d’un emploi aimé passe à travers les mêmes étapes que le deuil d’un être cher :

  1. Choc : au moment d’apprendre la nouvelle, la personne est sidérée.
  2. Déni : elle ne peut croire l’information reçue.
  3. Colère et marchandage : une forte vague d’émotions (remords, ressentiment, dégoût, répulsion) dirigées vers soi-même ou vers l’employeur survient et l’employé peut tenter de faire renverser la décision du renvoi.
  4. Tristesse : c’est le désespoir.
  5. Résignation : la personne arrête de lutter contre la situation.
  6. Acceptation : la perte est acceptée et la personne devient plus réaliste face à son expérience d’emploi et peut en tirer des apprentissages.
  7. Reconstruction : la personne reprend contact avec son potentiel, ses ressources personnelles, son énergie et son plan antérieur ou un nouveau plan de carrière.

La durée du deuil

Le temps requis pour vivre le deuil de l’emploi varie en fonction de plusieurs facteurs :

  • La personnalité du travailleur, ses croyances, son optimisme
  • L’effet soudain ou prévisible de la perte d’emploi
  • Le degré d’intégration dans le milieu de travail (tâches et collègues)
  • La satisfaction apportée par le poste occupé
  • Le degré de confiance de la personne de pouvoir retrouver un emploi aussi intéressant
  • Les ressources mises à la disposition du travailleur pour faire face à la situation
  • Le support de son entourage

Comment puis-je m’en sortir?

La première étape est de reconnaître et d’accepter comme étant normal le fait d’être en deuil de son emploi.  Plus vous aimiez votre poste et y étiez impliqué, plus il est possible de vous reconnaître dans les étapes présentées plus haut.  C’est normal.  Désagréable et souffrant, mais normal.

Ensuite, il peut être aidant d’écrire tout ce qui génère votre colère et votre ressentiment face à la situation.  Toutefois, bien que les réseaux sociaux et les médias puissent être défoulants sur le coup, ils offrent également des conséquences difficiles à récupérer lorsque le futur employeur tape votre nom sur Google et trouve vos publications…  Aura-t-il envie d’engager une personne qui lave son linge sale sur Internet?  Une bonne façon de s’exprimer est d’écrire dans son journal personnel afin de mettre en mots cette rancœur et de vous permettre de rassembler vos idées.  Avez-vous quelque chose à gagner en mettant votre énergie à entamer des poursuites auprès de l’employeur ou perdrez-vous votre énergie qui ne sera plus disponible pour construire et développer votre avenir professionnel?  L’énergie de la colère, bien dirigée, peut propulser votre carrière, mais l’inverse est aussi vrai malheureusement.

Lorsque vient la tristesse, il est normal de vivre des vagues de pleurs pouvant alterner avec de la colère. Bien que cette étape soit intense émotivement, elle sera moins longue si vous l’acceptez et vous donnez le droit de la vivre au moment où elle se présente.  Avoir de la peine ne signifie pas nécessairement être en dépression.  Lors d’un deuil normal, après une vague de tristesse vient le sentiment de résignation.

C’est là qu’il devient possible et utile de faire son bilan professionnel :  sa formation, son expérience, mais aussi ses apprentissages sur soi comme personne et comme travailleur.  C’est le moment de tirer des leçons de la vie pour construire et être mieux équipé pour faire face à de nouveaux défis professionnels.

Lorsque vous ne vous sentez pas en mesure de traverser seul le deuil de votre emploi (émotions trop intenses, fixation à une étape, apparition de symptômes comme une profonde mélancolie, perte d’intérêt pour tout, insomnie, perte d’appétit, idées suicidaires ou homicidaires) il est important de consulter pour obtenir de l’aide.  Vous pouvez vous adresser à votre médecin, à différents organismes communautaires (références obtenues par la ligne téléphonique 211 ou au www.211quebecregions.ca) ou en consultant un(e) psychologue ou psychothérapeute au privé.